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chanson française - Page 6

  • À hauteur de Lhomé

    Une fois n’est pas coutume, c’est de rap, dont il sera question dans cette chronique. Mais c’est un rap à la fois ambitieux et d’une belle ambition littéraire, autant que musicale.

    Celui à qui on doit ce "Miracle(s)" – c'est le nom de son troisième album – est Lhomé, qui nous présente lui-même son opus dans son "Incipit" : "En chasseur d’âmes, j’traverse la mer des hommes en « Apnée » / J’écris des vagues au bout d’un songe, je suis « Au bout du monde » / Un dernier disque, un dernier rêve qui sonne au fouet du fiacre / Et cet album qui dans mon cœur s’annonce comme un « Miracle »". L’artiste ne le dit pas autrement dans "L’arche" : "J’défends le texte ad vitam æternam Lhomé c‘est pur, Lhomé c‘est du khalam".

    Quand je vous parlais de travail sur le texte, je ne vous mentais pas. Mais il faut ajouter aussi l’engagement, aux antipodes de beaucoup de rappeurs. Il y a du social, du positif et un regard porté à hauteur d’homme. Que l’on écoute ce formidable titre, "LBTC", une invitation à "laisser battre son cœur" et assumer son  bonheur. L’auditeur sera indéniablement touché par "Malik" consacré au deuil d’un enfant victime de la violence.

    Chez Lhomé, pas de textes où domine l’ego, mais des paroles pleines de sens tournées vers les autres, sans pour autant laisser de côté les préoccupations d’un artiste de son temps ("Miracle", "La clé"). Impossible non plus de ne pas parler de ce très beau titre qu’est "Sur mes pas", dans lequel le rappeur se retourne avec nostalgie sur ses souvenirs, ses bonheurs et ces petits bouts de vie, de bonheur et d’amour ("Je reviens sur mes pas / L’amour en mémoire").

    Chez Lhomé, pas de textes où domine l’ego mais des paroles pleines de sens

    Le rap de Lhomé navigue avec bonheur entre slam (le sombre, poignant et sans concession "Comme toi"), chanson françaises ("Plus que toi"), d’électro ("La musique faire", étonnant et passionnant renouvellement du rap urbain) ou  d’inspirations world (le très beau "Danser dans le ciel"). De ces influences vient sans doute le soyeux de ses compositions musicales, à l’instar de l’"Incipit", de "Process" ou encore des sons résolument pop de "La clé", en featuring avec Mirana. Ce qui n’empêche pas Lhomé de s’avancer vers le rap urbain. C’est "Sans thème", en featuring avec DDK, dans lequel l’artiste parle d’identité, de sa place dans la société, de ses rêves mais surtout d’authenticité. Que l’on pense également à "Golgotha (Pris sur moi)", véritable hymne au combat intérieur, à l’honnêteté en dépit des coups mais aussi à la générosité ("Accepter de ne rien recevoir en retour / Rien que des vautours").

    L’album se termine avec le passionnant et ambitieux "Kingsman". Lhomé s’y livre avec passion et montrant sa formidable maîtrise du son comme des textes, et dans lequel le rappeur clame haut ses ambitions : "Ma mission est claire, élever les cœurs, au rang des étoiles". Pari réussi.  

    Lhomé, Miracle(s), L'atelier du Pélican / Absilone, 2023
    https://www.lhome.fr
    https://www.facebook.com/Lhomeofficiel
    https://www.instagram.com/lhome.officiel

    Voir aussi : "Méfiez-vous de Ferielle"

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  • Mille milliards d'éclairs de génie

    Voici sans doute l’un des meilleurs albums de 2023. Un vrai coup de poing à l’estomac par une musicienne, nouvelle venue de la scène française. Zaho de Sagazan propose avec La Symphonie des Éclairs un choc musical autant que poétique, mixant chanson française, électro et textes aux jaillissements inoubliables. Que l’on pense aux premiers vers de La "Fontaine de sang" qui ouvre l’opus : "Le vin de ses vaisseaux / Au rythme de son cœur / Coule et donne à boire / À des bouches au hasard".

    Pour ses grands et brillants débuts, Zaho de Sagazan puise à la fois dans son quotidien et dans ses "aspirations". C’est d’ailleurs le titre du deuxième morceau, véritable hymne à la cigarette par une chanteuse dont la voix si caractéristique l’a rendue reconnaissable entre toutes. Une voix au grain incroyable rend d’autant plus bouleversant et irrésistible ce chant d’amour pour l’amour qu’est "Les Dormantes" : "L'amour qui fait tomber les cheveux / L'amour qui nous bande les yeux / L'amour vendu aux plus sensibles / Par des putains de vicieux / L'amour qui nous faire croire que lui, c'est eux / Que ça n'sera jamais mieux".

    L’amour est bien ce qui porte Zaho de Sagazan. Que l’on pense à "Les Garçons", en forme de listing et d’hommage, à la déclaration "Langage", au fragile et délicat voix-piano "Dis-moi que tu m’aimes" ("J’en ai vécus des amours miséreux / Alors, prends-en soin / Prends soin du cœur que tu as entre les mains"), sans oublier l’électrisant "Mon inconnu" ("Je crois que j'suis amoureuse d'un inconnu / Impossible Mon Père de l'oublier / Depuis que je l'ai vu, j'en ai honte / En manque d'amour, ou détraquée, ah / Putain, je suis détraquée").

    Réussite totale

    Femme de lettres – on peut le dire – Zaho de Sagazan est tout aussi douée dans ses compositions et sa manière de retourner les cœurs. C’est, par exemple, "Je rêve", en forme de slow qui proclame que le rêve est la réalité. Une vraie philosophie et, de nouveau, une déclaration d’amour. Cette manière de renouveler la chanson française grâce au son électronique est une vraie marque de fabrique de la native de Saint-Nazaire. Les nappes synthétiques enveloppent un texte réduit à son essentiel : "Je t'aime / Passionnément, tu m'aimes / Suffisamment, pour que je reste / Mais pourquoi je reste".  Cette pureté se veut pudeur, fort à propos dans le titre aérien "Mon corps", en forme de confession et de jeu de miroir, que le morceau "Ne te regarde pas" assume plus encore.

    Le public a été frappé par "Tristesse", formidable composition tendue électro-pop au texte de combattante autant que d’artiste exigeante. La réussite est si totale que l’auditeur aura longtemps en tête les paroles exigeantes et existentialistes : "Marionnettiste je suis / Et sûrement pas l'inverse".

    À ce point de la chronique, il faut parler de ce chef d’œuvre qu’est le morceau "La Symphonie des éclairs", qui a donné le nom à l’album. Les mots de cette chronique sont trop faibles pour parler de cette chanson aérienne, hymne dédiée au pouvoir de la musique, à la puissance poétique rarissime. Il faut juste écouter, réécouter et se laisser porter par cette œuvre incroyable : "Il fait toujours beau au dessus des nuages / Mais moi je suis de ces oiseaux qui nous font danser sous l'orage / Je traverserai tous les nuages pour trouver la lumière / En chantant sous la pluie la symphonie des éclairs".

    Une réussite totale, vraiment. 

    Zaho de Sagazan, La Symphonie des Éclairs, 2023
    https://www.instagram.com/zahodesagazan
    https://www.facebook.com/zahodesagazan
    https://zahodesagazan.store

    Voir aussi : "Dingue d'amour"

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  • Méfiez-vous de Ferielle

    Oui, méfions-nous de l’eau qui dort, comme le dit le titre du premier EP de Ferielle. Il faut avoir l’oreille attentive sur le rock décomplexée de cette petite nouvelle de la scène française, franchement à découvrir.

    Ferielle gagne à être connu. C’est ce que l’on se dit à l’écoute d’un mini-album personnel, à l’exemple de "JAMAIS", récit amoureux et impossible ("J’ferme les yeux / Mais je ne vois plus que toi"), suivi presque naturellement de "JETER UN SORT", de nouveau une histoire de passion ("Tu m’as demandé / Est-ce que je peux t’embrasser ? / Je me suis laissée tenter / Pour la première fois"). Mais comme les histoires d’amour finissent mal en général, Ferielle chante avec énergie – et presque joie – un appel à l’être qui manque, en maniant l’art des larmes autant que du fiel : "Je voudrais lui jeter un sort / Pour lui montrer qu’il a tort / De rester dans son confort / Au lieu de m’aimer fort".

    Au passage, la jeune musicienne fait preuve d’humour et d’auto-dérision lorsqu’elle parle du clip : "J’avais envie de faire un clip rigolo à regarder autant qu’à faire… Propriétaire d’un master en dramaqueen, j’adore ridiculiser ma tristesse pour passer à travers. Me mettre en scène en train de boire de l’eau de javel, me noyer sous un verre de vin ainsi qu’être menaçante avec un diadème et un couteau, c’est le meilleur moyen que j’ai pour rire au lieu de pleurer toutes les larmes de mon corps."

    "Dis-moi où on va", plus pop, est entré dans la BO de la série-culte Emily in Paris (saison 3)

    Ferielle, au texte et à la musique, propose en six titres un vrai bel univers, rafraîchissant et enthousiasmant. C’est "Face à face", au rock franc et assumé. C’est encore cette jolie ballade, "Aimant" – tout simplement –, introspectif et, quelque part, universel : "Je suis coupable / C’est un délit de fuite / Si c’est moi le problème / C’est que j’ai pas de problème / Je sais que le monde est beau / J’aurai le dernier mot".

    Quant à "Riviera", c'est un rock sur l’histoire d’une rupture, propre, nette et (presque) sans bavure : "L’été avec toi c’était l’enfer / pire que d’attendre dans le RER / A A A… / Moi sur la Riviera tu me reverras pas". Voilà qui méritait d’être dit.

    La preuve que Ferielle a déjà su taper dans l’œil ? Son titre "Dis-moi où on va", plus pop, est entré dans la BO de la série-culte Emily in Paris (saison 3). C’est assurément le signe que Ferielle est à suivre de manière très, très sérieuse.

    Quand on vous disait qu’il fallait se méfier de l’eau qui dort.

    Ferielle, L'eau qui dort, Finalistes, 2023
    https://www.facebook.com/ferielle.fever
    https://www.instagram.com/hyperferielle

    Voir aussi : "Amours sauvages"

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  • Dingue d'amour

    Faussement léger et futile, "Aimez moi", le dernier titre de Kloé Lang est à écouter autant qu’à regarder. L’artiste est à la réalisation pour son clip d’une belle ambition, avec des seconds rôles et des figurants utilisés à bon escient.

    Musicalement, Kloé Lang semble partager l’univers doux dingue de Clarika ou, plus proche de nous, de Camille, de Philippe Katerine ou de Sophie Le Cam qui avait fait les honneurs de Bla Bla Blog il y a peu.

    "Aimez-moi" est un grand cri d’amour, on l’aura deviné, et qui laisse entrevoir un peu d’espoir dans ce monde décidément bien démoralisant.

    Oui, on a besoin de Kloé Lang et de son rappel à ce qui fait l’essentiel de notre existence. Elle le chante avec joie mais aussi humour acerbe à la Droopy : "Aimez moi, marquez moi / Que je le sente, le consente, l’expérimente / Aimez moi, percez moi comme un couteau, / comme un radeau dans votre dos, comme un vélo / Aimez moi sans y penser".

    Validé !

    Le single figurera également sur le prochain EP de Kloé Lang prévu début 2024.

    Kloé Lang, Aimez moi, InOuïe Distribution, 2023
    https://www.youtube.com/watch?v=X4Li-CB6PyI
    https://www.kloelang.com
    https://www.facebook.com/kloelang.music
    https://www.instagram.com/kloelang

    Voir aussi : "Sophie Le Cam : Un goût certain pour le décalé, le kitch, l’auto-dérision et la poésie de la maladresse"
    "Chloé Lacan et son ménage à trois"

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  • Une bonne dose de Buridane

    Nouvelle voix de la chanson française, Buridane fait partie de ces artistes passionnantes, nous entraînant dans un univers à la fois dense, poétique et autobiographique. Pour ce troisième opus, Colette Fantôme, la chanteuse s’est fait accompagnée par Féloche à la réalisation et à la production, sans oublier des collaborations bienvenues, notamment Pauline Croze, apportant sa facétie autant que sa pertinence pour l’extrait "Pourquoi Tu Me Fais Pas", consacré à la question de l’enfantement.

    Dans cet album, Buridane se dépeint avec toute sa fragilité, sa sensibilité, se confessant sur ses doutes et ses échecs, à l’instar du sans concession "Total fiasco".

    Le titre qui donne son nom à l’album est des plus pertinents, en cette année de commémoration de l’auteure du Blé en Herbe ou de Sido (nous en parlions ici, sur Bla Bla Blog). "Colette Fantôme" propose ici un singulier hommage, sous forme d’un dialogue entre Buridane et Colette, tout en y insufflant de l’ardeur, de la modernité et un rythme infernal.

    La créativité musicale de la chanteuse est tout aussi réjouissante dans le bien-nommé "Slave", romanesque, romantique, brut et amoureux ("Slave est notre âme").

    "Tambourine tambourine / Comme un bruit de carabine / Dose d’endomorphine / Un fou que l’on déconfine"

    Sans doute peut-on parler de Buridane comme d’une musicienne jamais aussi à l’aise que lorsqu’elle se nourrit d’influences venues d’ailleurs ("Ni Kalifa Ala Ma"), que ce soit les Pays d’Europe centrale ou de l’est, ou encore des Caraïbes ou de l’Afrique, à l’instar également de "Pluie vaudou". Buridane choisit, pour ce dernier morceau, le contre-pied, avec un talk-over gainsbourien et des sons venus d’ailleurs, pop d’eighties et boostés d’électronique. Sans oublier cette voix envoûtante.  

    L’auditeur sera sans doute happé par "Tambourine", au texte malin, riche, irrésistible et d’une belle pertinence. Il s’agit sans aucun doute d’un des meilleurs titres de l’album. "Tambourine, tambourine /  A ma porte à ma poitrine / Un désir amphétamine / Le sang coule de ma marine / Tambourine tambourine / Comme un bruit de carabine / Dose d’endomorphine / Un fou que l’on déconfine".

    On aime la simplicité – on pourrait aussi parler d'efficacité – de cet album. Il va à l’essentiel, et dans les paroles, et dans la musique ("Pourquoi tu m’fais pas"), ce qui n’empêche pas la chanteuse de se montrer éclatante, vivifiante et lyrique ("Chasser la nuit").  Quant à "Game Over The Rainbow", il mêle avec bonheur joie, mélancolie et espoir

    L’album se termine avec un très beau morceau, voix et guitare. "Tombeau", qui, contrairement à ce que laisserait supposer le titre, n’invite ni à la tristesse ni à la désespérance, mais se veut une déambulation méditative : "L’amour n’est pas un tombeau". La vie avant tout, semble nous dire Buridane tout au long de ce Colette Fantôme.

    Burdiane sera en concert le 1er août à Barjac (30), pour "Barjac M'en Chante".

    Buridane, Colette Fantôme, Silbo Records, 2023
    https://www.buridane-officiel.com
    https://www.facebook.com/buridane
    https://www.instagram.com/buridane_officiel

    Voir aussi : "Revoilà Féloche"
    "Pauline Croze a la solution"
    "L'Yonne célèbre les 150 ans de Colette"

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  • Sophie Le Cam : "Un goût certain pour le décalé, le kitch, l’auto-dérision et la poésie de la maladresse"

    Il fallait bien que Bla Bla Blog s’intéresse à Sophie Le Cam, puisque la chanteuse avait fait l’objet de plusieurs chroniques. La dernière était consacrée à son single "Mais c'est Roland Garros", avant son premier album Vedette qui sortira le 1er septembre 2023 au label Le Furieux. Rencontre inédite avec une voix et une personnalité singulière, à l’univers très riche.

    Bla Bla Blog – Bonjour, Sophie. Votre dernier single "Mais c'est Roland Garros" vient de sortir. C’est l’occasion de vous demander si vous avez suivi le tournoi de cette année et, si oui, qu’en avez-vous pensé. 
    Sophie Le Cam – Hélas cette année je n’ai pu voir que deux matchs en entier : le dernier tour de Léolia Jeanjean dont le parcours atypique me fascine et la finale hommes dans laquelle j’aurais préféré voir Alcaraz, mon chouchou !

    BBB – Dans ce single, chanter Roland Garros semble dépasser le strict cadre sportif. De quoi notre tournoi du grand chelem est-il évocateur ? Des révisions du bac quand vous étiez lycéenne ? Des après-midi de chaleur l’été ? Des vacances approchant ? De la grosse glande ? Ou d’autre chose ? 
    SLC – Ce tournoi est à la fois une madeleine de Proust et un antidépresseur puissant: voir du grand tennis – sport que j’ai beaucoup pratiqué –, espérer qu’un français passe la première semaine, s’envelopper dans le son des frappes, des glissades sur la terre battue, des spectateurs, des commentaires, toucher du doigt les beaux jours, l’approche des vacances, éprouver le soulagement de ne pas avoir à réviser le bac, retrouver des souvenirs de lycée, retrouver Nelson Monfort… Tout ça forme une parenthèse infiniment réjouissante.

    BBB – "Chanson Hype" était le premier extrait de votre futur album, Vedette, qui sortira le 1er septembre prochain. "Vedette" : voilà d’ailleurs un étrange mot que vous sortez du vocabulaire des années 80, période "Champs-Élysées" et Michel Drucker. Alors Sophie, nostalgique de cette période – si tant est que vous l’ayez connue ? 
    SLC – Je ne suis pas nostalgique de cette période mais je suis férue d’expressions et de mots désuets. Je fais une petite collection.

    "Je suis férue d’expressions et de mots désuets"

    BBB – Quel sera le fil rouge de ce premier album, tant du point de vue musical que textuel ? Et d’ailleurs, y aura-t-il un fil conducteur ?
    SLC – L’album est un kaléidoscope de rêveries juvéniles. Sur la forme, les synthés lo-fi et les boîtes à rythmes des années 90 tissent le fil conducteur, agrémentés par quelques petites touches acoustiques (guitare, piano, bugle).

    BBB – Quels sont vos influences ? On pense à Philippe Katerine, Renaud, mais aussi Giedré – en moins trash. Vrai ou faux ? J’imagine aussi vous allez nous citer d’autres noms.
    SLC – Katerine et Renaud sont des influences majeures et s’il faut en citer d’autres je vous parlerais de Dutronc, Souchon et Vincent Delerm. J’aime beaucoup le travail de Giedré bien que je l’ai découvert alors que mes chansons étaient déjà nées, il y a donc probablement une cousinade plutôt qu’une influence.

    BBB – Il y a un côté artisanal dans vos créations, que ce soit musicalement ou dans les clips. Comment travaillez-vous, et où ? 
    SLC – L’album a été enregistré dans ma chambre d’adolescente, ou tout comme, et il a été réalisé par Antoine Sahler qui souhaitait en effet conférer aux arrangements un côté lo-fi délibérément minimaliste. Un petit défi d’enregistrer un premier album en pyjama pilou, dans une chambre encore tapissée de posters des Spice Girls ou de Léonardo Di Caprio. Pour les clips et de manière générale l’aspect visuel de mon travail, il est vrai que je nourris un goût certain pour le décalé, le kitch, l’auto-dérision et la poésie de la maladresse.

    BBB – J’ai envie de vous demander si vous avez d’autres sources d’inspiration : cinéma, livres, séries, expositions. Peut-être aussi le sport, pour en revenir à Roland Garros ?
    SLC – Le cinéma, que j’ai étudié à l’université, m’inspire beaucoup, ainsi que le théâtre, discipline à laquelle je me suis formée au conservatoire. Le sport a énormément compté dans ma construction personnelle et il y un caractère intrinsèquement très visuel, très codé, très théâtral en somme, que je trouve intéressant à transposer en vidéo ou sur scène.

    BBB – En plus de ce futur album, qui est un événement important, quelle sera vote actualité pour le deuxième semestre 2023 et le début 2024 ?
    SLC – Je n’ai pas encore de visibilité sur cette période. J’espère que la sortie de cet album aura porté ses fruits. 

    BBB – Merci, Sophie.

    Sophie Le Cam, Mais c'est Roland Garros, Le Furieux, 2023
    http://www.sophielecam.fr
    https://www.facebook.com/chansonsdemoi.sophielecam
    https://www.facebook.com/sophie.lecam.52

    Voir aussi : "La glande avec Roland Garros"
    "Sophie le Cam est hype"

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  • L’aventure c’est l’aventure

    Voilà a priori une facture somme toute classique pour ce premier EP de Max Darmon. Son opus, La grande aventure, coche toutes les cases d’un bon album de chansons françaises : très bon travail mélodique, des textes personnels, une voix masculine impeccable et l’influence des eighties. "Fuis moi" en est un parfait exemple, tout comme "Pourquoi faut-il ?".

    Ce que l’auditeur va aussi et surtout apprécier c’est la production soignée (Max Darmon s’est entourée de Florian Robin aux claviers, Romain Roussouliere à la guitare, Wendy Killman et Florian Gouello à la batterie et Jérémy Rassat à la réalisation et direction artistique) aussi bien que le caractère robuste de cet EP. Dans le titre qui donne son nom à l’opus, Max Darmon s’affirme avec une belle densité : "Viens on s’casse, toi et moi c’est la grande aventure tu sais / Réfléchis pas, prends ton sac tes clefs puis on y va". 

    Un EP plus robuste qu’il n’y paraît

    Il faut être tout aussi attentif à la manière dont a été écrit La grande aventure. L’opus se veut un (mini) concept album sur le thème du voyage, avec des titres éloquents : "Fuis moi", "Te retrouver", "L’itinérante, "Allez viens" et bien sûr "La grande aventure".

    Max Darmon sait chanter l’amour avec une insouciance à la fois troublante et attachante ("Te retrouver"). Ne nous posons pas de question, dit l’artiste, qui adresse une belle déclaration à sa belle, quitte à faire de "beaux excès".

    Lorsque le talk-over est mené avec soin, cela donne "L’itinérante" : poétique, très eighties, Max Darmon dresse le constat d’un amour difficilement compatible avec une itinérance compliquée : "Mais face à face tout paraissait plus simple / Chérie / J’te regarde partir / L’itinérance c’est ta vie".

    L’EP se termine par "Allez viens", langoureux et sensuel slow qui nous entraîne, encore une fois, du côté des années 80. C’est impeccable, rondement mené et promet pour Max Darmon une belle aventure musicale pour la suite. 

    Max Darmon, La grande aventure, Antipodes Music2023
    https://www.instagram.com/max.darm0n

    Voir aussi : "Louis Arlette, classique et moderne"
    "Suivez Aïtone"

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  • Le pouvoir de consolation de Sarah Lancman

    Sarah Lancman est de retour avec un nouvel album, Le Pouvoir des Mots, dans lequel la jazzwoman s’épanouit dans des compositions où la chanson française se teinte harmonieusement de jazz. Est-il encore utile de répéter que la musicienne s’aventure sur les pas de Michel Legrand ? Une influence qu’elle revendique au travers de sa reprise de "Que feras-tu de ta vie ?", titre composé à l’origine pour le film The Happy Ending et pour lequel Michel Legrand a été nommé en 1970 pour le Golden Globe de la meilleure chanson originale et pour l'Oscar de la meilleure chanson originale. "Les Feuilles mortes" est l’autre reprise, en bonus track, de l’opus. Saluons au passage l’interprétation mezza-voce et jazzy de Sarah Lancman dans ce classique de Prévert et Kosma. 

    La musicienne se fait aussi compositrice dans ce nouvel album, concocté, on l’imagine, avec un soin particulier. Du bel ouvrage. Dès le début de son opus, la Parisienne rend un superbe hommage à la plus belle ville du monde avec "Nostalgia in Paris" : romantisme, mélancolie, voix veloutée et orchestration impeccable font de ce morceau un magnifique joyau de l’album.

    Sarah Lancman sait aussi quitter les sentiers battus et surprendre avec un boléro ("Boléro Nocturne n°3) pour une succulente et soyeuse déclaration d’amour, sous le signe de la danse à deux, joue contre joue : "Tu as le beau rôle / Toi mon héros".

    L’auditeur sera également frappé par une autre danse, cette fois un tango qui sert de trame à une chanson de séparation. Paradoxal et pertinent choix de faire de la plus sensuelle des danses à deux le rythme d’une séparation. Mais une séparation douce et rassurante, comme un joli beau baume à l’âme. "Mon amour ne me fait pas souffrir / C’est quand il a disparu / Que le cœur a si mal se déchire / On souffre quand on n’aime plus".

    Jazzwoman jusque dans ses tripes

    Jazzwoman jusque dans ses tripes (son "Interlude musical" au piano) , Sarah Lancman propose avec la chanson qui donne son titre à l’album une revisite du poème "Liberté" de Paul Éluard. La musicienne s'inspire du texte emblématique de l’écrivain en chantant un message universaliste, susurré comme un désir ardent : "Mais c’est bien le pouvoir des mots / Qui rendre le monde plus beau / Démolissant les interdits."

    Outre le morceau personnel et autobiographique "Je le sais", dont Bla Blog avait parlé, Sarah Lancman prend l’auditeur par la main pour un voyage intime, chaleureux et réconfortant. C’est cette "Ôde à l’amitié" touchante ("Toi"). C’est aussi "Les hommes que j’aime" que l’on goutte avec plaisir. Sarah Lancman se lance dans un hommage aux hommes sous forme d’une liste de qualités que beaucoup reconnaîtront sans doute : "Les atypiques / Les astucieux / Les lunatiques / Les audacieux / Les romanesques / Les courageux / Les passionnés…" C’est léger et frais comme une coupe de champagne.

    On sera tout autant touché par "Ma prière", une prière païenne en vérité dans laquelle Sarah Lancman parle de chagrin, de résilience et d’un "signe" qui se fait attendre : "Que ma voix me porte / Pour tracer ma voie / Vulnérable ou forte / Je chanterai pour toi".

    Il y a un parfum de résilience, voire de consolation, dans cet album, à la fois léger dans sa forme et profond dans son message. C’est un peu à l’image de "Danse avec ta peine", un titre qui entend nous ragaillardir, et nous appeler à aller de l’avant, en un mot à aimer : "Est venu le temps de dire au revoir / Aux larmes et aux regrets / Pour enfin retrouver l’espoir / D’aimer encore et encore". 

    Sarah Lancman, Le Pouvoir des Mots, Inouïe Distribution, 2023
    https://www.sarahlancman.com
    https://www.facebook.com/sarahlancmanjazz
    https://www.instagram.com/sarahlancman

    Voir aussi : "Sarah Lancman, on le sait"
    "Sarah Lancman amoureuse"
    "Sarah Lancman : 'Oser oser !'"
    "Les bonnes fées de Sarah Lancman"

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